vendredi 30 décembre 2011

Comme un radeau sur l'océan


Même si beaucoup ne trouvent plus vraiment de sens à cette fête, les vacances de Noël restent à coup sûr la meilleure occasion de retrouver un point d’ancrage fondamentalement apaisant. Il faut donc s’emparer sans tarder de cette occasion qui nous est offerte et nous y accrocher de notre mieux - un naufragé abîmé en plein océan suivrait la même logique en tentant de s’accrocher à son radeau. Peu importe le dérisoire de la situation, s’il est bien une qualité qui prime c’est la persévérance.

Et il semble parfois plus doux de le rejoindre, ce radeau-refuge, pour souffler provisoirement face aux flots déchaînés. Je passe toujours quelques jours chez mes grands-parents avant les fêtes, et j’éprouve à chaque venue la même sensation singulière de plonger tête la première dans une écume moussante d’images, de couleurs et d’odeurs, d’évocations autrefois familières mais aujourd’hui refoulées. J’ai effectivement le souvenir, diffus, de nombreuses journées occupées à cavaler dans cette vieille demeure de briques écarlates à l’aura teintée d’un mystère poussiéreux. Enfant, j’avais la sensation exaltante de ne jamais y avoir découvert tout ce qu’il y avait à y découvrir ; j’arpentais sans répit chaque recoin de la bâtisse dans l’espoir de dénicher un trésor perdu ou gardé par un monstre fantasmagorique. Ce jeu prenait l’allure d’une épopée fantastique, d’une errance inextricable, mais c’était surtout tellement fabuleux que je souris encore maintenant doucement à la pensée du moi intrépide de mes six ans. Par jeu, par nostalgie de cette période insouciante ; je ne sais pas trop pourquoi je souris en vérité.





C’est à tout ça que je réfléchis lors du trajet jusqu’à la maison des aïeuls. Le voyage est propice à la rêverie, front appuyé contre la vitre buée et yeux mi-clos, tandis que la voiture roule à toute vitesse dans la forêt. Les paysages défilent inlassablement au rythme des chansons de Massive Attack. Il n’y a qu’à l’approche de l’arrivée que je me réveille un tant soit peu, que je prends le temps de regarder autour de moi. J’ai déjà posé un pied dans le passé lorsque je franchis enfin le vieux portail de bois familier clôturant la propriété puis émerge de la Clio. Souriants, mes grands-parents m’attendent tous deux sur le seuil de la maison, leurs frêles silhouettes se découpant dans un halo de lumière hivernal. Ils me dévisagent, m’effleurent, tentent de fixer à nouveau mes traits dans leur mémoire ; leurs étreintes se veulent chaleureuses malgré la rudesse confuse de leurs bras. La conversation s’engage, maladroite et un peu absurde, car une fois passées les embrassades de rigueur on ne sait plus vraiment quoi se dire.

"Claiiire, enfin te voilâââ, tu nous âââs manquée tu sais, tu devrais venir plus souvent!" s’exclame mon grand-père de son ton traînant aux intonations snobs.
"Tu sais bien que je n’ai pas toujours le temps... J’ai déjà du mal à avoir des moments libres dans la semaine, j’y peux rien malheureusement"
"Je comprends, mais peu importe, tu es âââvec nous maintenant, c’est ce qui compte. Comment vâââs-tu? "
"Bien et vous deux ?"
"Oh oui, ton grand-père est en pleine forme, et moi aussi", répond alors immanquablement ma grand-mère la voix empreinte d’émotion.
"Tant mieux alors... !"
"Oui, on peut dire ça comme ça... Sale temps sinon n’est-ce pas ?"
"Mmh... Grisâtre comme d’habitude quoi..." 


Une fois la (pénible) comédie des retrouvailles achevée – je n’ai jamais aimé les effusions de sentiments –, je me retire dans la chambre de mon enfance, qui m’est assignée pour l’occasion. Bien qu’elle serve aujourd’hui de chambre d’amis et que la décoration ait totalement été refaite depuis mon départ, j’éprouve un sentiment étrange à me retrouver ainsi seule dans cette petite pièce baignée de lumière mais privée de chaleur. L’endroit est morne et ne conserve comme seuls vestiges du passé que quelques photos de famille trônant fièrement sur les murs et les étagères.





Alors les souvenirs montent, puis refluent. En observant les différents clichés, je souris, cette fois un peu ironiquement à la vue de l’image parfaitement idyllique qu’ils semblent renvoyer. On m’y voit notamment à plusieurs reprises, en train de tester de nouvelles activités aux clubs de cinéma, de théâtre, de dessin, de tennis, ou encore de danse dont me bourrait mon grand-père malgré ma réticence... Mes chers géniteurs étant continuellement débordés par leur travail, ils reléguèrent rapidement aux grands-parents le soin de me garder la semaine ; c’était tellement plus simple. Je passai donc la majeure partie de mes premières années ici, élevée selon des préceptes ambigus, tantôt rigoristes tantôt originaux. Je baignai très tôt dans un environnement créatif destiné à éveiller en moi une (pseudo) vocation artistique. Ambition ratée puisque ces directives ne me convenaient pas tant que ça, et  que les séjours se soldaient fréquemment par des cris et des pleurs...

Aujourd’hui j’ai séché mes larmes et y retourne volontiers. Je réalise que je dois beaucoup à mes grands-parents. Bien que je sois en deçà de leurs espérances, j’aime l’art, le cinéma, et tous ces machins-là. Mais j’ai du mal à reconnaître en ce lieu triste la maison bouillonnante des disputes d’antan et où l’ambiance était souvent pesante, si accablante. Tout a changé depuis mon départ, et le passé semble s’effacer, inéluctablement. Seuls les souvenirs restent présents. La première nuit, allongée dans ces couvertures à l’odeur bien connue, je serre presque brutalement le vieux chat ronronnant contre moi, comme une enfant serrerait sa peluche préférée contre elle. J’enfouis mon visage dans la masse de ses poils blancs et lisses et médite. Pas de déprime, non, mais juste de la réflexion. Vaut-il mieux se jeter dans les flots de l’océan, à ses risques et périls, ou persister à demeurer sur son radeau, coupé et protégé de la réalité ? Je me le demande alors bien... Et je repartirai comme toujours, quelques jours plus tard, l’esprit mélancolique et embrumé des anciens repères, sans jamais m’arrêter toutefois. En revanche je crois que j’ai cette fois trouvé la réponse à ma question.

samedi 17 décembre 2011

Hello holidays

Aujourd’hui, c’est officiellement le début des vacances, de deux semaines bénies où il sera enfin possible de ne pas se rendre au lycée pour une quelconque raison et où (presque) tous les excès seront permis pendant les fêtes. Ô joie, ô bonheur, sortez la tequila le champagne !

Ces vacances n'ont pourtant pas commencé aussi sereinement que je l’avais escompté. Le problème en fait, c’est que mon inconscient n’avait pas assimilé l’information. Je lui dois un réveil affolé ce matin vers 8h30, les yeux encore gonflés de sommeil et les cheveux en bataille. Les pensées se bousculaient de manière incohérente dans ma tête bourdonnante.
"Je vais trop être en retard, merdeeee ! Faut vraiment que je me bouge, tant pis pour le petit déj’ ! Mais comment je vais faire pour trouver un bus à cette heure-ci ? Puis avec la tempête le trafic est peut-être suspendu ! Faut que j’aille à la gare... Ou sinon je sèche toute la journée... ? Non, non... Ça va être encore pire de ne pas y aller du tout !"
A la fois hagarde et atterrée, j’imaginais déjà la CPE, métamorphosée pour l’occasion en diablesse, m’attendant de pied ferme devant le lycée, un fouet dans une main et une fourche dans l’autre, la bouche tordue en un rictus des plus sadiques. C’est qu’on commence à être copines, nous deux.






"Mademoiselle... Encore en retard pour la SIXIÈME fois du trimestre, gronderait-elle d’un ton doucereux et faussement affligé. C’est réellement du foutage de gueule, jeune fille, vous outrecuidez les limites de la bienséance... Tenez, vous allez tâter un peu de mon fouet ; ça vous apprendra la ponctualité. Depuis le temps que ça vous pend au nez !"   

M’efforçant de chasser de mon esprit cette vision cauchemardesque malsaine, je me ruais hors de mon lit pour m’habiller rapidement. Mes yeux tombèrent alors sur mon portable resté allumé depuis la veille. Les petites lettres clignotantes de la fenêtre principale y indiquaient l’événement suivant : "Samedi 17 décembre : début des vacances". Déconcertée, je m’obligeai à réfléchir lucidement quelques instants.
"Et je dois aller où en fait... J’ai quoi à faire ? 
... Euuh oui, j’ai cours de quoi ?!...
Mais je rêve, j’ai oublié ce que j’avais à faire au lycée... Concentre-toi... Tu n’avais pas deux heures de français là ?"
Les battements précipités de mon cœur se calmèrent progressivement lorsque je réalisai que nous étions bel et bien samedi, et que les quinze prochaines journées n’étaient dédiées qu’à l’accomplissement de mes caprices et volontés. L’heureuse abrutie que je suis retourna donc se coucher.






Et c’est une fois ré-allongée dans mon lit, bercée par le crépitement doux et cristallin de la pluie battant le carreau en salves ponctuelles, que je m’occupe maintenant de me reconnecter à cette trame du temps qu’il est si agréable d’occulter... Je remets de l’ordre dans mes pensées et concilie hier à aujourd'hui, aujourd'hui à demain. Avec pour fond sonore les notes planantes d’Alibi de Thirty Seconds To Mars, je ferme les yeux cinq, dix, quinze minutes... J’ai le temps, après tout. Deux semaines. Deux semaines de paradis que je compte occuper du mieux que je peux afin d’accueillir la naissance du p’tit Jésus dans l’allégresse.

Lire. Écrire. Dessiner des paysages exotiques. Rêvasser. Sillonner les artères commerçantes de Paris. M’émerveiller devant les illuminations. Regarder série sur série. Veiller jusqu’à pas d’heure. Me laisser aller à la fièvre compulsionnelle des achats de Noël. Revoir des copains d’enfance. Découvrir de nouveaux groupes de musique que personne ne connaît. Me ressourcer en famille. Aller au cinéma. Renouer des amitiés perdues. Me rendre à des fêtes. Oublier les tracas du quotidien.

... Et puis travailler aussi, parce que y a quand même beaucoup à faire avec les révisions du bac blanc d’histoire-géo, la rédaction du TPE, les fiches à synthétiser pour l’oral blanc de français et tous les autres devoirs sympathiques...
Mais alors c’est tout en dernier dans ma liste.
En tout cas, bonnes vacances à vous tous ! :D

mercredi 30 novembre 2011

Lectures nocturnes

Il y a certains livres qui vous marquent comme ça, de façon fortuite mais indélébile. On les commence sceptique et on les termine en un temps record, des étoiles plein les yeux et complètement convaincu par les propos de l'auteur.




Ce qui me plaît en l'occurrence chez Schmitt, c'est la fluidité et la modernité de ses dialogues ; sa ré-interprétation osée et tout en contraste du mythe de Don Juan dans La Nuit de Valognes. Hormis les personnages des ex amantes très classiques, on sent la pression croissante et le duel intérieur qui agite le héros dans sa quête de la rédemption, comme s'il cherchait à se dépasser lui-même pour au final renaître de ses cendres en trouvant le pardon et l'amour. Je me suis toujours un peu retrouvée en ce genre de personnage (trop) torturé...

"LA COMTESSE. - Lorsque tu es parti, je ne me suis pas mouchée, non, j'ai réfléchi, puis j'ai appris, règle par règle, ton catéchisme. J'ai appris qu'en amour il n'y avait pas d'amour, mais des vainqueurs et des vaincus... J'ai appris que la victoire n'avait d'autre but que la victoire, et qu'il n'y avait pas d'après... J'ai appris que le plaisir est fade s'il n'a pas le goût du mal, que la caresse toujours préfigure la gifle et le baiser ébauche la morsure..."

Eric-Emmanuel Schmitt


Tous ces livres, ils sont nombreux à m'avoir touchée et invitée à la réflexion. Ils ont en partie contribué à me forger ma propre vision du monde, m'ont fait voyager à travers les continents, les siècles, les personnalités... Alors pourquoi si peu de gens aiment lire maintenant ? Certes je ne suis pas en L mais même pour la majorité de mes amis, lire est une pure perte de temps. "Le temps, c'est de l'argent" : j'ai l'impression que la lecture est une activité complètement ringarde à leurs yeux. Forcément, c'est non productif de se plonger dans un bouquin. Puis c'est tellement plus simple de se poser devant sa télé à la place...
J'ai parfois l'impression de faire tache dans ma classe de futurs commerciaux.


Mais je dois assumer mes choix et mes goûts maintenant.

jeudi 24 novembre 2011

Complaintes


C'est finalement déconcertant d'écrire sur soi. A regarder les blogs des autres, ça a l'air si facile, si naturel. Au moment de se lancer, c'est une toute autre affaire. J'aurais aimé pouvoir être capable de poster chaque jour ou presque, mais ce n'est pas le cas. Peut-être l'ai-je toujours su au fond de moi: je n'ai pas une rigueur de l'écriture suffisante. A chaque fois que je manque d'inspiration, je me lance à tout va, tape quelques mots au hasard, puis m'arrête. Mes yeux fixent bêtement l'écran, mes doigts hésitent, avant d'enfoncer frénétiquement la touche "effacer" de mon clavier. Je trépigne, soupire d'impatience... avant de capituler, agacée de ne pas avoir trouvé un début satisfaisant à mon texte. J'ai beau me répéter "concentre-toi, arrête de t'éparpiller", rien à faire. Je n'ai, ça se trouve, tout simplement rien de bien intéressant à raconter. Ça ne vient pas. D'habitude, pourtant, c'est tout le contraire ! On ne m'arrête plus... Je peux déblatérer sans problème sur tout et n'importe quoi (ahah je plains mes amis qui me supportent toute la journée) (mais bon, on m'changera pas)...


Je traverse en ce moment une période assez difficile, en pleine remise en question d'orientation. Je ne sais plus trop où j'en suis, je n'ai même plus envie d'aller en cours, ça me motive plus. Je me demande constamment: pourquoi bosser ? A quoi ça me sert de connaître la différence entre taux d'escompte et de réescompte et toutes ces notions de finance maudites ? Pour couronner le tout, mon meilleur ami ne veut plus me voir. C'est compliqué, mais en gros on peut résumer comme ça: j'ai été horrible avec lui, je lui ai (involontairement) pourri la vie et je m'en veux terriblement. Je ne sais pas comment me faire pardonner. Toutes mes tentatives de réconciliation sont restées lettres mortes. J'aurais pourtant tellement besoin de son soutien en ce moment, s'il savait. C'est fou ce qu'on peut s'attacher à des gens des fois ; on a comme besoin d'eux.


Mais le plus incroyable dans l'histoire, c'est que sur le plan scolaire tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. J'ai des bêtes de notes sans me fouler, je bosse tout à fait superficiellement mais l'ensemble de mes profs me félicite déjà pour mon sérieux et "mon grand travail"... Ah ! La blague ! Ma prof d'éco me dit qu'elle me verrait bien à Sciences Po, mon prof de maths me parle écoles de commerce et hypokhâgne BL, ma prof de français imagine pour moi quelque grande carrière littéraire (rien que ça... Quelle modestie sérieusement !). J'ai l'impression d'être revenue en seconde où chaque prof faisait de la pub pour sa filière. Non, à part ça, on ne me met pas trop la pression. Merde, quoi, avoir eu 18 au bac blanc de français ne fait pas de moi un pur génie comme le pensent nombre de mes camarades qui me regardent comme un OVNI maintenant. J'ai eu une grosse part de chance aussi et c'est non négligeable ça.
Bon, il est déjà 23h, j'en ai marre, j'arrête de jouer l'égocentrique et j'vais lire au lieu de pondre des articles inutiles et de raconter ma vie.

samedi 29 octobre 2011

Retour aux sources


« Le petit prince s’en fut revoir les roses :
"Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde."
Et les roses étaient bien gênées.
"Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écouté se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose." »

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince





Si parfois l’amitié pouvait être aussi sincère et aussi simple… Ça ferait moins mal à tout le monde… du pur bonheur en quelque sorte. 
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? 

vendredi 28 octobre 2011

Procrastination quand tu me tiens

Rentrée, J-6 (non ne partez pas en courant!) 

Au moment précis où j'écris, j'ai des milliers de choses à faire/commencer/finir. Mes devoirs, par exemple. Mais j'ai pas envie. J'ai envie de rien à vrai dire. J'arrive pas à m'y mettre, que dire de plus? Ma journée type en ces vacances de la Toussaint : je me lève à midi, j'avale un truc (ahh... Le dilemme de tous ceux qui se lèvent à midi : je petit déjeune ou je déjeune? ) et je passe l'aprem à me passer inlassablement toutes les séries et films possibles que j'avais envie de me regarder depuis des semaines : How I met Your Mother, Skins, Psychose, Requiem For A Dream... Oui, j'ai un p'tit côté geek, c'est certain.





Je souffre donc d'une forme aigue de procrastination. Mais il m'arrive quand même de sortir, et alors ma mère ne manque pas de me demander:
"Hey, attends, tu en es où dans tes devoirs?"
"Ça avance pas mal... J'ai bientôt terminé mon DM de maths et tout à l'heure je reprends avec l'italien, l'anglais et l'espagnol."
"C'est bien, c'est bien ma fille..."
Et là, comment vous dire, je me sens vraiment honteuse.
Procrastinatrice oui, menteuse et sans scrupule, non. Mais en même temps j'ai pas d'autre choix si je veux éviter que ma mère m'arrache la tête en découvrant l'horrible vérité: "mais c'est pas possiiiiible!! Moi à ton âge je faisais le triple de ce que tu fais ! ARRGH!! Quelle fille feignante j'ai!" Elle peut pas comprendre, elle. C'est une superactive en puissance, une bosseuse. Ils sont tous comme ça dans ma famille d'ailleurs. Cherchez l'erreur. J'ai dû être adoptée, en effet c'est pas possible.

Bon, sur ce, ma chère conscience me rappelle que les 161 Lettres Persanes n'attendent que moi pour être classées par thème et résumées (faudrait déjà que je les lise... J'aime PAS les romans épistolaires, yurk). Mes deux pièces de théâtre sont soigneusement posées sur ma table de chevet, me faisant de l'œil, mon DM de physique m'appelle à grands cris également, celui de maths me pourrit la vie, le commentaire d'anglais me réclame, l'essai d'espagnol ne va pas se faire tout seul, la dissert' de géo n'aspire qu'à être commencée, la synthèse d'SES est tout juste entamée. Ça s'annonce bien gai, tout ça.

... Hmm, mon épisode de True Blood a fini de charger. Je fais quoi?
• Choix n°1: la Raison. Tes devoirs malgré tout tu commenceras.
• Choix n°2: la Passion. Ta série tu regarderas. 
Ma pauvre cervelle risque bien de se faner prématurément. La Raison l'emporte.

jeudi 27 octobre 2011

I want your love, and I want your revenge...

La routine est v*cieuse


Ça commence comme ça, un matin pluvieux d’octobre. Vous savez, ce genre de journées moroses où le moral est au plus bas, et où on a qu’une seule envie : retourner larver dans son lit, pelotonné(e) sous sa couette en souriant d’un air béat lorsque vous entendez la pluie tomber. Ploc, Ploc, Ploc – vous imaginez vos camarades en cours de sport, courant trempés et glacés, tandis que vous vous regardez la dernière saison de Gossip Girl, un maxi pot de Häagen-Daz à la main, choisissant qui est l’homme de votre vie entre Chuck et Nate. *soupir*


Mais non, il faut se lever, s’habiller en ralant car vous n’avez toujours pas de chauffage, camoufler ses cernes en sortant l’artillerie lourde, avaler ses céréales seule dans la cuisine en lisant les jeux débiles sur le paquet... Quand vous êtes enfin prêt(e), commence LA Course. Ou plutôt LES courses.

La première course est celle pour attraper son bus. Ceux et celles qui sont bordéliques et toujours en retard comme moi la connaissent trop bien, cette course. Vous sortez de chez vous en courant comme un(e) dératé(e), persuadé(e) que ça y est, vous avez loupé ce p***** de bus de ville qui passe toujours trop tôt selon vous. Mais tout d’un coup vous l’apercevez au loin... Y a des gens qui montent dedans, il va donc bientôt partir... Alors vous redoublez d’efforts, ce serait trop bête de renoncer maintenant – j'y suis preeesque! , qu'on se dit joyeusement pour motiver l'effort ultime. Manquant de dégobiller au nez du conducteur, vous arrivez péniblement et complètement essoufflé(e) sous les regards moqueurs des autres passagers. Pas grave. Vous avez remporté le premier round de la journée. Vous êtes heureux.

La deuxième course est celle, moins fréquente, des intercours. Fébrilement et le plus rapidement possible, vous recopiez vos exercices en retard sur le cahier d’un – bon, si possible et tant qu’à faire – élève de votre classe. De préférence en évitant que les profs vous remarquent. Je sais, c’est mal. Mais vous n’aviez pas envie de vous plonger dans la dérivation de fonctions hier soir après avoir déjà fait votre disserte de français. A la place, vous avez procrastiné devant Desperate Housewives sur M6. C’était plus fort que vous. Vous aimez bien la culpabilité il faut croire...

La troisième course est celle pour aller au self. La sonnerie a à peine retenti que vous vous précipitez sauvagement en direction du Saint Graal. Parfois vos profs vous retiendront quelques fatales minutes de trop et vous ne pourrez pas arriver dans les premiers (horreur!)... La loi de la jungle est rude pour y accéder: pas de pitié pour les plus faibles. Alors, si vous ne voulez pas attendre 40 minutes (en sachant que vous disposez de 50 pour manger), vous doublez, comme presque tout le monde le fait. Vous sautez gracieusement par-dessus la barrière en balançant sans pitié votre sac de l’autre côté. La queue est compressée, vous étouffez là-dedans, les protestations se font entendre, on vous grogne dessus. Pas grave. Vous avez remporté le troisième round de la journée. Vous êtes heureux.

La quatrième et dernière course est celle, le soir, pour ré-attraper son bus. Et bim. Parce que oui, une seule fois dans la journée, c’était pas assez. Faut se faire plaisir dans la vie, encore et encore! Vous sortez à 17h10, votre bus passe (juste devant le lycée, heureusement) à 17h12. Vous courez moins maintenant, car vous voulez conserver un minimum de dignité devant vos petits camarades. Tant pis si vous ratez votre bus... Vous le rattraperez deux arrêts plus loin (en courant cette fois, mais y aura personne)... Alors vous avez remporté le quatrième round de la journée. Vous êtes heureux.

C’est une fois assis(e) dans le bus surchauffé et bondé, la tête posée contre la vitre, que vous prenez le temps de réfléchir à tout ça. Vous vous dites que votre vie ne vaut pas grand-chose... Qu’il faut toujours courir, et courir... En fait, c’est un peu comme une course d’endurance ; un train branlant après lequel on cavale en permanence. Ceux qui ont lâché prise se retrouvent en marge de la société, abandonnés, rompus par la vitesse. Les autres continuent d’avancer comme ils le peuvent, s’accrochent de leur mieux. Suivent leur routine
 
Routine. Je hais ce mot. Mais en cela je ne suis pas originale. J’ai toujours été nulle en endurance.

Dialogue d'un soir

-Gné ? Tu veux créer un blog ?
-Oui.
-T’es sûre ? Mais tu vas raconter quoi dessus ? Ta vie ?
-Bah… J’sais pas encore. Je vais bien trouver. Un peu de tout.
-Ah ben ça c’est sûr que tu vas trouver ! Une fois que t’es lancée on t’arrête plus !
-Oui mais… Tu penses que c’est intéressant ?... Que quelqu’un va s’intéresser à ce que raconte une gamine de 16 ans en Première ?
-Tu verras bien… Arrête de stresser et lance-toi !
-Ok, je te fais confiance. C’est parti.