mercredi 5 septembre 2012

Apocalypse



Apocalypse... ou le mot qui pourrait caractériser ma chambre à l’instant où je vous parle : dans un coin, un esprit qui s’éveille et un corps qui fourmille de brusquerie, dans l’autre, un épais flot de feuilles amoncelées à même le sol et des classeurs à bras le corps – et puis, au milieu de tout ça, un petit moi qui profite, seule, de ses dernières heures de liberté comme elle le peut. À défaut de briller par sa joyeuseté septembre est le mois de l’introspection et de la déprime, le mois des feuilles mortes et du vent qui s’installe, le mois de... beaucoup de choses : on entame et renouvelle ses inscriptions, on recommence à bosser et on retrouve des têtes connues ou inconnues dans la joie et la bien évidemment mauvaise humeur. Je suis une fille de l’automne mais je n’ai jamais aimé septembre et l’espèce d’effervescence agaçante qui s’en dégage chaque année – c’est comme si l’on était obligé de se montrer enchanté à la perspective de retourner à cette vie active qu’on a laissée de côté deux mois plus tôt. J’aime l’été et sa torpeur insondable, ses crépuscules tardifs noyés par un soleil encore de plomb, et quand septembre redevient pour moi le labyrinthique mois de la submersion annoncée j’en viens, inévitablement, à regretter mes vacances et leur tranquillité si rassurante.

Ça irait si toutefois ces sentiments-là n’étaient pas amplifiés par le fait d’entamer sa dernière année de lycée. On m’a décrit la terminale comme une année butoir, hantée par le début des emmerdes, des dossiers et par l’angoisse du post-bac – sujet à propos duquel je me pose déjà des questions de temps à autre histoire de me faire peur et parce que j’ai besoin de me remuer davantage que je ne consentirai à l’admettre. Alors dans quelques heures je serai de retour dans mon lycée comme si de rien n’était ; j’entamerai ma dernière année de bons et loyaux services et puis je retrouverai la même classe, les mêmes professeurs, la même nourriture immonde du self, les mêmes couloirs poussiéreux et la même ligne de bus bondée du soir. Je sourirai à ces personnes que je ne reverrais peut-être plus jamais de ma vie l’année suivante et je ferai, donc, comme si de rien n’était, puisqu’il semblerait que ce soit le maître-mot de la rentrée. Il faut ménager l’orgueil de tout un chacun...

Ou peut-être bien que je ne leur sourirai pas.