vendredi 20 janvier 2012

Retour à la réalité

Si par hasard vous vous le demandiez, non, je ne suis pas morte. Pas encore. J’essaie juste de survivre à la cambrousse lycéenne et n’ai pas franchement eu l’envie d’écrire. En fait, je me contente de translater quotidiennement ma carcasse du point A – mon appart’ – au point B – le lycée –. Le schéma est simple. Voilà à peu près en quoi s’est résumé mon état d’esprit de ces trois derniers jours.
Pardonnez-moi d’avance ce nouvel accès de narcissisme et d’égocentrisme, mais j’ai littéralement passé une semaine pourrie. Il n’y aura donc ni envolées lyriques ni artefacts inspirés aujourd’hui, et je me contenterai simplement d’énumérer quelques faits... sans réelle transition logique (en d’autres termes, je vais vous raconter ma p’tite vie, je sens que ça vous avait manqué les cocos!). 

L’euphorie post jour de l’an s’est vite envolée et l’apathie scolaire a comme toujours repris le dessus depuis la rentrée. Plus que jamais, je me suis demandée ce que je faisais en cours d’éco, à dessiner des palmiers sur ma feuille tandis que les autres élèves s’excitaient joyeusement sur leur calculette à déterminer des taux d’évolutions (une activité, comme chacun le sait, ô combien fascinante et enrichissante). Mais peut-être que je ne fais pas assez d’efforts, ou que je suis trop capricieuse, que je me prends trop la tête?... En tout cas, découragée, déçue par certains de mes cours, j’ai quand même envisagé – sur un coup de tête – de changer de section pour aller en L. Éventualité qui, bien sûr, a été refusée d’un bloc par la coordonnatrice quand j’ai filé la voir l’autre jour, aussitôt après avoir eu the révélation littéraire.
"Puis-je vous demander les raisons de votre choix, jeune fille?" s’est-elle simplement enquise à peine avais-je terminé de lui exposer mon cas.
"Eh bien... Je pensais l’avoir dit clairement... Mais je ne m’épanouis plus actuellement dans ce que je fais."
"Peu importe. Vous ne pouvez pas passer directement en Terminale sans avoir suivie la Première adéquate. C’est simple : soit vous redoublez en L, soit vous continuez dans votre filière. Puis ce serait dommage de changer à ce stade, vu les résultats que vous obtenez dans les matières que vous incriminez, qui présagent réellement d’un avenir prometteur... "
Et blablabla... Euh mais bien sûr, tu te foutrais pas un peu de ma gueule là? Tu crois vraiment que je vais me farcir une autre Première? Une me suffira amplement je pense!




Au final, vous l’aurez compris ; je dois me faire à ma situation, j’ai pas le choix. Et j’espère que je saurai retrouver un peu plus de motivation dans les jours qui viennent. Que je retrouverai l’envie et le goût d’apprendre. Que je retrouverai chaque matin la volonté de me lever en me disant : "mais c’est génial Claire, aujourd’hui tu as trois heures d’histoire de l’art, et deux heures de littérature italienne! Et en plus tu finis à 15h, tu pourras aller traîner dans le parc avec tes potes tu pourras t’avancer pour la semaine!"

Non, quand je me réveille le matin, l’une des premières choses qui me vient fréquemment à l’esprit est : "merde, t’as pas fiché Le Monde Éco, faudra que t’y sacrifies ta récré... Pff en plus deux heures de maths cet aprem, et espagnol avancé jusqu’à 18h30... Tu devrais sécher ma vieille... Vivement l’week-end quoi"
Et de me retrouver une heure et demie plus tard, en classe, prise d’une envie furieuse de m’allonger sur ma table. Je me contente de fermer discrètement les yeux dès que la prof commence à expliquer les subtilités des politiques conjoncturelles avant d’évoquer la menace latente des déséquilibres macroéconomiques. Sa voix nasillarde se mue peu à peu en un bruit de fond paisible, de plus en plus ténu au fil des minutes. Le bruit se fera bourdonnement, et, comme une berceuse, finira inéluctablement par m’endormir.
La journée s’achèvera enfin par la remise tant attendue des copies du bac blanc de maths, pour lequel je réclame, mesdames et messieurs, vos applaudissements, puisque j’ai réussi à culminer à la note astronomique de... 5,5/20. Ça fait mal. En découvrant les deux petits chiffres furieusement tracés sur l’en-tête, et le reste de ma feuille criblé d’encre rouge, c’est idiot mais une boule est restée coincée dans ma gorge. J’entendais les murmures naître dans la classe, la stupéfaction générale poindre : "quoi?! Claire a foiré ? Tu meeeens! Je te crois paaas!" Je reste digne jusqu’à la fin, sauve les apparences, et, ignorant les interpellations des autres, me réfugie aux toilettes dès que la sonnerie salvatrice retentit. Quelques larmes timides, retenues durant toute l’heure, finissent par couler. Je les balaie immédiatement d’un geste rageur. Pleurer est un acte que je répudie ; pleurer, c’est pour les faibles. Je ne peux cependant pas m’empêcher de repenser sarcastiquement à ce que m’aura dit plus tôt la coordinatrice : "les résultats que vous obtenez dans les matières que vous incriminez présagent réellement d’un avenir prometteur". Prometteur. Oui, c’est sûrement le mot. Mais cet avenir, pour l’instant, il ne me donne pas envie.

Motivation, motivation, motivation.

C’est quoi déjà ce mot-là?

10 commentaires:

  1. L'argument avancé est étrange, le fait qu'on te dise qu'il faut redoubler si tu veux faire une L. Je trouve ça stupide, comme si on n'avait jamais vu de personnes changer de filière sans redoubler. Je crois plutôt qu'elle a trouvé tes résultats excellents et qu'elle ne voyait aucune raison de te faire changer (je trouve ça stupide). Pourquoi n'aimes-tu pas l'SES ? Ca t'ennuie ? Et je suis intriguée par ce que tu as dit, sur le fait que tu fiches le monde éco : tu es obligée de le lire à chaque fois qu'il sort ? (il est quotidient, hebdomadaire ou mensuel ?). En tout cas bonne chance à toi, c'est pas facile d'avoir des baisses de moral comme ça où on se demande à quoi ça sert de continuer à étudier. Mais dis-toi que si tu n'aimes pas ce que tu fais, tu pourras toujours emprunter la voie littéraire après le bac ;-)

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    1. Malheureusement, je crois que je ne peux rien y faire. Je veux certainement pas redoubler, et ça, j'en démordrai pas. Donc je pense que je continuerai en ES.
      Je n'aime plus vraiment l'SES en effet: 6h par semaine, j'ai overdosé en ce moment (oui j'en ai un peu plus que la normale). 'Fin, bientôt on commence la socio et la politique, j'espère que ça se passera mieux, je reste optimiste. :)
      En ce qui concerne ta question sur Le Monde et Le Monde éco, oui, j'y suis abonnée par le biais de mon lycée. Je suis censée tenir un "dossier d'actualités" et je dois donc le ficher chaque semaine, en tirant du dossier économique principal une espèce de "plan synthèse" (comme un plan de dissert, en bien plus détaillé... Et plus chiant/dur.) En gros, c'est ça. Voilà ;)

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  2. Dans mon lycée, deux personnes sont passées d'une première S à une Terminale L. Ils ont dû rattraper les épreuves anticipées de 1ere mais ils l'ont fait. Ils sont tous les deux en prépa actuellement. Je pense que l'argument concerne le fait que les filières ont été réformées donc plus dangereux pour quelqu'un de passer d'une classe à l'autre pour avoir des résultats.

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    1. Le plus étrange est que cette réforme est censée faciliter les réorientations, puisque les ES et L passent par exemple les mêmes épreuves anticipées de sciences désormais. Je pense plutôt, avec le recul, qu'on a essayé de me faire réfléchir sur ce choix éventuel...

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  3. Normalement la réforme permet justement de pouvoir changer plus facilement d'orientation (enfin je crois). Sinon je ne sais pas dans quel lycée tu es mais ça a l'air assez chaud, tu as beaucoup plus de devoirs, et plus d'heures de cours visiblement si tu as 6h d'SES. Et tenir un dossier d'actualité, ça doit prendre énormément de temps ! Je te soupçonne d'être dans une grand lycée parisien :P Bonne chance en tout cas ! La sociologie c'est intéressant, peut-être que tu aimeras plus (nous on ne fait pas les chapitres dans l'ordre). Courage !

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  4. Je ne comprends pas car dans mon lycée les élèves peuvent facilement passer de n'importe quoi à L. En effet, et à mon grand agacement, la filière L étant considérée comme une poubelle tout élève de S ou de ES est considéré capable d'analyser du Quignard.
    C'est pour ne pas me retrouver dans ta situation que j'ai choisi de faire L contre l'avis de tous : j'ai fait ce qui me plaisait et non ce qui "m'ouvrirai des portes". Mais si je me suis personnellement épanouie en L, sache que je ne me lève pas non plus chaque matin enthousiaste à l'idée d'étudier de la poésie hermétique durant deux heures pour ensuite faire 3h de philo sur la vérité d'après Descartes !

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    1. Ouais je pense que dans toutes les séries il y a évidemment des bonnes matières et ... les autres. Je pense rester là où je suis pour le moment car le coef et le volume horaire de philo en TL me font quand même peur ! So wait and see...

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  5. 5.5 en maths ? Ma note standard ça.

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    1. Hihi... Mais Coef 7 au bac ça risque juste de faire un peu mal... ^^

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