samedi 23 mars 2013

Hold your breath and count to ten


Dans le fond, je suis quelqu’un de profondément instable. Colérique, lunatique, déconcertante mais paraît-il tout de même, pour relever le niveau, m’ont dit L. et  M. le jour dernier, "attachante malgré tout". La belle ironie. J’ai ri et en ai gardé la trace, ce matin-là ; la trace de ce sourire insolent qui, bien qu’aujourd’hui fugace, flotte encore sur mes lèvres colorées de rouge vermeil, ricanant volontiers de l’attribution à ma petite personne dudit adjectif. Je n’ai rien d’attachant, je suis chiante. L’hiver, je suis un ours en hibernation ; l’amorphe en moi prend le dessus et même ma belle verve, l’enfoirée, la seule qui me sauve, a cette année pris congé depuis janvier, période à laquelle j’ai par souci pratique commencé à m’éviter, à éviter tout face à face prolongé avec moi-même. Ecrire m’obligeant à l’introspection et la chose me donnant un tournis infernal, il me fallut choisir entre bien-être mental et lucidité douloureuse ;  et, comme vous l’aurez compris, j’ai choisi le premier, la solution de facilité : cesser de me poser des questions. Ainsi, si j’ai hésité à revenir ici, c’est par peur, une indicible peur de moi-même et de l’analyse que je pourrais tirer de mon examen de conscience – celui-ci n’est pas joli. Si j’en venais à toujours remettre en question mes actions, étant loin d’avoir de grands principes moraux, autant dire que je n’en serais peut-être pas fière.

Toutefois je change. En bien ou mal je ne saurais dire mais je me rends compte de quelque chose, parfois, le soir, allongée sur mon lit, le regard vague, tressant machinalement les pointes de mes cheveux en tresses fines. Le cerveau en ébullition je compare telle ou telle action à une autre de mon fait ; j’estime, je jauge, j’évalue ; et si des fois il m’arrive d’être fière, d’autres fois je ne peux que me rouler sur moi-même pour, à petits feux, mourir dans la honte – chose préférable à toute autre, si l’on veut.

Et dans tout ça il me reste trois mois de lycée. Malgré tous les profs nous rappelant à grand renfort de cris et autres prestations théâtrales l’échéance critique du "baccâââlauréat, bon sang !", je ne l’ai pas encore le moins du monde réalisé : dans ma tête j’ai l’impression que je resterai toujours quelque part l’idéaliste de mes dix-sept ans perpétuellement prête à refaire le monde. Mais en septembre je pars de chez moi. La vie adulte m’excite comme elle m’effraie et, je l’admets, me révulse un peu. Peut-être est-ce d’ailleurs pour ça que je laisse traîner en longueur les formalités administratives, des lettres de motivation aux bulletins à photocopier en passant par les formations à saisir sur APB sur lequel je me suis dès lors retrouvée mercredi soir, à 23h30, soit à une demi-heure de la clôture du site, découvrant mains moites que la bête ramait sec par intermittences. Tout en actualisant la page comme une forcenée, j’ajoutai diverses licences sur Paris pour finir, à 23h58, par supprimer tous ces ajouts de dernière minute. Car de toute façon, et c’est ce que je me suis dit à ces deux minutes et quelques secondes de l’échéance, il est inutile de mettre des vœux dans lesquels je n’irai jamais, par simple crainte du "et si je ne suis prise nulle part ?", inutile de monopoliser les places d’élèves qui souhaitent, eux, vraiment intégrer ces doubles-licences sélectives. Je n’ai donc laissé que les hypokhâgnes et les facs de droit, d’histoire et de LEA, et au diable la psycho, socio, les sciences politiques et économiques. Puis… sciences ÉCONOMIQUES, sérieusement ? Je me demande encore ce qu’il m’a pris.

Mais en fait fin mars, c’est déjà le début d’une longue aventure.

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