samedi 6 octobre 2012

Welcome back

Si je vous avouais que revenir hanter ce blog déserté faisait partie, début septembre, de mes bonnes résolutions de rentrée vous auriez en toute légitimité le droit et le devoir de me dire que j’ai, pour le coup, sacrément merdé – voilà pourquoi je ne vous dirai rien de tel, si ce n’est que je me sens tout à fait étrange de revenir écrire ici, à cet endroit, un mois après en être partie : je me sentirais presque trop seule.
Ce que je peux vous dire bien plus librement, en revanche, c’est à quel point le temps est passé vite ce mois durant. Je n’ai pas vu les jours défiler et pourtant paf, en l’espace de quatre misérables semaines les habitudes ont repris leur cours – j’ai retrouvé les choses qui m’avaient manquée comme celles que je désirais pour le moins du monde revoir. J’ai retrouvé les joies de la dissertation et des synthèses d’éco (parce que pour tout vous dire je fais partie de ces vrais masochistes en spécialité sciences politiques), me suis mise au yoga, découvert la littérature russe que j’adore pour l’instant, commencé à remplir le dossier de la prépa Pipo, presque arrêté les pains au chocolat à la cafète du lycée tous les matins et puis, un lundi, bam, j’ai eu dix-sept ans. Ça n’a l’air de rien dit comme ça – même qu’il pleuvait ce jour-là, je me souviens, pourtant j’étais heureuse puisque c’était un jour comme je les aime, gris, orageux et menaçant : j’étais heureuse simplement parce que tout le monde la déteste profondément, cette pluie-là qui vous gâche la journée et vous trempe jusqu’aux os de la façon la plus glaciale qui soit. Quel meilleur spectacle sociologique, en effet, que celui, matinal et jubilatoire, offert par ses trente-six congénères tirant la gueule en plein cours d’histoire sur les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale et proférant à ce propos un florilège de réflexions non dénuées de stupidité dont je vous rapporte ce soir (juste pour vous) la substantifique moelle par le biais d’extraits dûment sélectionnés ?

"Qu’est-ce qu’on se fait chier, quand même"
"Grave gros. Et putain, en plus j’ai trop faim"
"Moi aussi ! ça sonne à quelle heure ?"
"25. Mais hé, regarde, la prof elle a des auréoles"
"Baaaahh, comment elle transpire, je savais bien qu’elle était dégueulasse..."
"Ah nan mais ouais. Lycée de merde, profs de merde de toute façon"
"Tellemeeent. En plus il pleut sa mère, je vais friser"
"Oh mais ouais c’est trop ça pour moi aussi"

Constat du jour bonjour : si en lui-même l’être humain est décidément affligeant de prévisibilité ce n’est qu’en troupeau que suinte enfin à sa guise l’essence de sa stupidité. Principe cumulatif, je suppose : un abruti + un abruti = toujours plus d’abrutis – et même si moi je suis le compteur parmi tout ça j’ose espérer que cette somme ne tende pas vers l’infini. L’espoir fait vivre, qu’ils disent les autres.

Ce qui me ramène à mon bilan of the month : alors que je m’étais promise comme chaque année les mêmes conneries – à savoir, arrêter de faire ma langue de pute envers mon prochain et réfréner un peu mes élans misanthropes – il s’avère que c’est, une fois encore, un échec monumental – je devrais au passage vraiment arrêter de tout lister. Libres à vous de me dire, en lisant cela, que je l’ai cherché, je ne nierai pas car vous avez raison ; au fond, c’est bel et bien moi le problème mais je le vis bien et puis je fais semblant, je m’adapte à la population : je n’ai pas toujours été une fervente adepte de la théorie de Darwin pour rien. Ce n’est pas vous qui vous amusiez, petit, à élaborer des schémas de l’évolution de vos camarades en imaginant à quoi ils ressembleraient dix ans plus tard et en tentant de déterminer quels seraient ceux qui crèveraient les plus jeunes car ils n’auraient pas su s’adapter à leur environnement ; c’est moi. À ce sujet parfois je me demande comment je peux être à la fois aussi horrible et aussi compatissante – les extrêmes s’attirent, dit-on ; en l’occurrence, ils s’attirent tous deux réunis en ma personnalité – pourtant peut-être qu’en vérité je ne vaux vraiment pas mieux qu’une autre. Peut-être que je ne suis qu’un grain de sable dans l’univers – et au final ce n’est pas un ‘peut-être’ c’est même un ‘tout à fait probable’, je le sais – mais le genre de grain de sable qui à défaut d’avoir en sa possession les moyens physiques de vous refaire le portrait au marteau-piqueur s’arrangerait du moindre coup de vent pour venir vous piquer férocement et joyeusement l’œil. Retenez ça comme retenez une autre chose : je suis de retour dans la partie, et qui plus est plus en forme que jamais.

5 commentaires:

  1. Je n'ai jamais laissé de petit mot ici depuis que je te suis, mais te lire est agréable, va savoir pourquoi. Même si je ne sais jamais quoi dire. Voici donc un commentaire inutile pour te dire combien j'apprécie tes réflexions.

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  2. Ça me fait plaisir de te revoir.
    Bel article, comme d'habitude.

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  3. Charmant article, et bon anniversaire en retard !

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  4. @ Manon : à commentaire inutile réponse inutile pour te dire combien ça me fait plaisir :)

    @ PM : p*tain de plaisir partagé ! ça fait du bien de recommencer à écrire et surtout à poster de temps en temps.

    @ Ushio : thanks youu so muuuch hihi

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  5. C'est un article assez sympa! J'ai hâte d'en lire d'autres.

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