Je sais bien que ça ne fait que deux
semaines que je n’ai pas écrit la moindre chose mais j’ai l’impression que des
mois entiers se sont écoulés depuis mon dernier post. J’ai l’impression, depuis
le début de ce mois de juin qui s’achève d’ailleurs aujourd’hui, que le temps
s’est écoulé à une vitesse folle, à un rythme fou et démesuré ; et même si
elle revient à toutes les vacances, cette sensation de ne plus savoir quel jour
de la semaine on est demeure toujours aussi étrange et déconcertante. Si l’on
ajoute à cela le fait que je me couche chaque jour à l’aube, bah... vous
obtenez un rythme de vie complètement fucked up comme le mien. Certes, c’est
les vacances, me direz-vous. Mais quand même. Faut que j’arrête de me lever à
midi et que je commence à bouger mes fesses histoire de m’aérer le cervelet et
de profiter de ce temps radieux. Que je bronze un peu, aussi, histoire
également de ne pas être la seule à exhiber des jambes d’une blancheur de
poulet pas cuit sur les plages méditerranéennes. Puis que je lise enfin des
romans pour moi-même, après tous ces mois à m’être coltinée des pavés dont la
gueule ne m’inspirait pas forcément. Le bac de français c’est fini. Je suis en
vacances. Et ça fait bizarre. Je suis obligée de me le répéter à voix haute
pour y croire. Ils m’ont tellement foutue la pression au lycée pour ce foutu
bac et pour des notes dont je sais pertinemment qu’elles seront impossibles à
avoir... si bien que je préfère même pas imaginer ce que sera la terminale à ce
rythme. Exactement, n’imaginons pas. Parlons d’autre chose que du futur, sinon
je risque de me mettre à déprimer.
J’ai bien un sujet qui me vient là tout
de suite, mais je te préviens mon ami, ça risque de pas te plaire... j’ai envie
de parler du bac, voilà, parce qu’après tout les épreuves anticipées marquent
un tournant symbolique dans la vie de tout lycéen qui se respecte. Alors cher
lecteur, cher petit toi, si tu t’en tamponnes le coquillard de ce palpitant
récit, je t’autorise à stopper ici ta lecture, et sache même que je ne t’en
voudrais pas trop. J’écris un peu tout ça au nom de la postérité, t’vois.
Peut-être que je reviendrais relire cet article dans quelques années et que je
me dirais alors, la voix tremblante d’émotion, à quel point j’étais stupide mignonne.
Les emmerdes ont commencé le mercredi 20
juin avec le français écrit. Il faisait beau et chaud dans mon patelin ce
matin-là. J’aurais tellement aimé qu’il y ait de l’orage afin d’accentuer et de
sublimer toute la portée dramatique de l’événement, un peu comme dans les
tragédies. Et composer sous la pluie battante, y a rien de plus romanesque,
c’est évident. Mais faudra visiblement faire sans. Tandis que je m’efforce de
surmonter ma déception, se distinguent dans les couloirs du lycée, comme avant
tout examen, deux catégories tout à fait antagonistes d’élèves :
Première catégorie – le stressé. Le
stressé soule tout le monde en récitant un cours stéréotypé des plus ennuyeux
et affreusement aseptisé qu’il s’empressera, telle une machine bien huilée, de
recracher à toute vitesse une fois devant sa copie. Le stressé est celui qui te
transmet sa paranoïa et son stress. Le stressé, tu as généralement envie de le
frapper ; et, tu l’auras compris, mieux vaut donc l’éviter pour sa propre santé
mentale (et pour sa santé physique à lui).
Seconde catégorie – le branleur. Le
branleur, lui, c’est obviously l’exact opposé du stressé. Le branleur est venu
les mains dans les poches, persuadé que le français, on y va "au
talent", comme il dit. Le branleur ne maîtrise donc pas trop son sujet. Il
ne connaît pas Victor Hugo et Baudelaire. "Hugo ? Hugo
qui ? Tu parles de qui là ?" Le branleur s’en fout un
peu du bac et te fait relativiser ton propre cas : tu te dis qu’il y a
toujours pire que toi. Le branleur, au fond, joue ainsi un rôle de
décompression très utile. Vive le branleur.
Dans les mêmes couloirs, tout le monde
parie sur la poésie. God, WHY ? J’aime pas la poésie. Je hais la poésie.
Les pages des manuels se tournent fébrilement, à la recherche d’ultimes
citations à retenir ou de quelques biographies d’auteurs. D’autres potassent
encore et encore leurs figures de style, assis sur les marches de l’escalier en
bois décrépi. L’atmosphère est toute somme faite bien étrange, ce matin, elle
semble même semi-religieuse. Si je n’étais pas à deux doigts de me pisser
dessus d’angoisse, je pourrais presque en rire.
À 7 heures 45, on fait enfin rentrer
tous les ES dans la grande salle multimédia. Convocation, carte d’identité,
bouteille d’eau, pick-up, stylos, surligneurs, gomme, crayon à papier,
agrafeuse, j’étale tout soigneusement sur ma table, fidèle à ma maniaquerie
légendaire. À 8 heures, le sujet tombe. La poésie satirique. Hmm, damn... Le
commentaire m’inspire pas ; l’invention est à coucher dehors ; ce
sera donc... la disserte. Une fois la question de corpus joliment torchée, me
voilà dès lors partie pour 3 heures de joie et d’allégresse dissertative où je
me retrouve comme toujours à la bourre. Pourquoi je suis si lente,
bordel ? Il a limite fallu m’arracher ma copie des mains à la fin. Je
rigole d’ailleurs encore quand je revois la tête outrée de la vieille
surveillante BCBG penchée sur moi au terme de l’épreuve.
"Mademoiselle ! Le temps
imparti est maintenant écoulé ! Veuillez me donner votre copie
main-te-nant ! Vous dépassez les bornes ! Il est midi et neuf
secondes !"
"Raaah deux secondes, ça va, je
finis ma phrase"
"Ahhh ! Ohhhh !
L’impertinente ! Elle m’achève ! Vous contestez mon autorité, jeune
fille ? Vous rendez-vous compte ? Je pourrais vous faire interdire
d’examen pendant cinq ans !"
J’aurais bien répondu LOL à ses
glapissements étouffés, mais je pense qu’elle l’aurait potentiellement mal
pris.
S’ensuit maintenant dans mon récit une
petite ellipse où je saute volontairement l’épreuve de sciences pour en arriver
à l’oral de french. Ouiii je sais, je te vois crier à l’arnaque derrière
l’écran, je te vois réclamer davantage, petit être vorace, mais ne sois pas
déçu, car l’épreuve anticipée de sciences chez les économistes est juste une
grosse blague. C’est qu’ils ont de l’humour à l’Education Nationale, vois-tu.
Et puis, entre nous, sache que j’ai sacrément la flemme de causer énergies
renouvelables et ovocytes. Allons donc à l’essentiel. Causons français, tu vas
aimer.
Je te laisse visualiser la chose :
le lycée ZEP où j’ai passé mon oral étant situé en pleine zone industrielle au
sein d’une "banlieue ultra-sensible", j’ai un temps imaginé un
endroit débordant de violentes racailles animées du désir de me brutaliser
contre un mur. Rien de tout cela, bien sûr ; mais de toute manière j’étais
trop flippée pour prêter attention à quoi que ce soit. Tendue comme un slip, te
dis-je. C’était pas beau à voir.
Seule dans un couloir immense, j’ai
attendu longtemps avant de passer. Lorsque j’entre enfin dans la salle,
l’examinateur m’annonce, tout joyeux :"oh ! vous avez de la
chance, mademoiselle. Tous vos camarades ont eu le roman. Mais pour vous seule
j’ai choisi la poésie !"
AAAAAAAAARRRRRGH
... C’est une blague ? Non. Je suis
maudite. Vraiment.
J’ai jeté toutes mes idées sur le papier
et me suis lancée la voix un peu tremblante. L’examinateur ne m’aura pas dit
grand-chose, si ce n’est qu’il aura poussé quelques petits "hum !" que
j’imagine être approbateurs. L’entretien a été très vite expédié. Il m’a
ensuite demandé si j’étais bonne élève et quel sujet j’avais pris à l’écrit la
semaine précédente. Puis il a commencé à commenter le plan de ma disserte,
comme ça. "Oh oui... ça c’est bien pensé. Et vous avez parlé de
ça ?" Tranquille le gars. Enfin, il m’a remerciée, je l’ai
remercié de même, et je suis partie. J’étais en vacances. J’étais bien. J’étais
soulagée. Je suis en vacances. Je suis bien. Je suis soulagée.
Deux mois de glandage m’attendent
maintenant – bientôt il y aura les vacances, les vraies, les visites,
l’étranger, les musées, les parcs, les JO, la plage, le stage à Paris, les
baby-sittings, et surtout : le farniente.
Si tu as réussi à tout lire, cher
lecteur, tu gagnes le droit que je te souhaite de très bonnes vacances à toi
aussi. Et un bisou par la même. Je te félicite.
Allez, ne t’inquiète pas : je
t’aime quand bien même que tu aies eu la flemme de tout lire.
Mais c'est dingue ça on a l'impression en vous lisant que tout vos examinateur étaient hyper cool moi sur les quatre pauvres oraux que j'ai passé dans ma vie ils ont tous étaient détestables ! Allez t'embête pas tu es un génie tu as sûrement géré ! Dans tout les cas je ne sais pas quand tu passes sur Paris mais si l'envie d'un café te prends je suis là !
RépondreSupprimerHaha j'dois avoir une bonne tête de fille gentille, c'est pour ça hahaha. Non, sérieusement, j'ai beaucoup de camarades pour qui les examinateurs étaient nettement moins sympas... simple hasard, donc ! tu n'es pas un cas isolé :) (et ça se trouve c'était un gros faux-cul comme à mes oraux blancs, who knows)
SupprimerNormalement je fais un stage aux Beaux-Arts début août ! si ça se confirme, ce serait un plaisir de te rencontrer. :)
Et toi qui ne voulais pas tomber sur la poésie, tu as été servie ! Mais bon, le tout c'est que ce soit bien passé, même si je reconnais que si l'examinateur m'avait dit "z'avez de la chance, z'êtes la seule à tomber sur la poésie" je serais devenue verte. (les sciences... Oui c'est bien une grosse blague). Profite bien de ton été, glandeuse va !
RépondreSupprimerEn effet j'ai été servie haha.
SupprimerMoi, une glandeuse ? FAUX
C'est marrant, moi au bac, j'étais un subtil mélange de glandeuse et stressée ! Comme pour l'ENS d'ailleurs. Je ne stresse pas nécessairement pour les exams, sauf à UN moment où j'ai un vieux pic de stress (genre la veille de mon oral de français où j'ai pété un sérieux cable, ou encore une semaine avant Normale en mode "aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, je connais rien en géooooo"). Sinon, je suis complètement relax jusqu'aux 3 dernières minutes où je percute ("oups"). Après ça va ^^ Je suis donc une fille bizarre, pour résumer :)
RépondreSupprimerTu es un bien étrange spécimen en effet :)
SupprimerQuel bel article.
RépondreSupprimerDouble poésie, comme je te plains... Mais les notes te réconforteront j'en suis sûr ! :)
Haha nous verrons bien ! Rendez-vous le 12 juillet pour ça ! ;)
SupprimerLa poésie, c'est toujours très difficile à commenter (surtout par rapport au roman!), donc c'est toujours un petit plus pour toi, d'autant plus si ton explication s'est bien passée :) Je suis sûre que tu as géré ce bac de français, comme un chef! (le contraire me paraît invraisemblable).
RépondreSupprimerJ'espère, j'espère ! On n'est jamais à l'abri d'un plantage mais bon ;)
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