Si
je vous avouais que revenir hanter ce blog déserté faisait partie, début
septembre, de mes bonnes résolutions de rentrée vous auriez en toute légitimité
le droit et le devoir de me dire que j’ai, pour le coup, sacrément merdé –
voilà pourquoi je ne vous dirai rien de tel, si ce n’est que je me sens tout à
fait étrange de revenir écrire ici, à cet endroit, un mois après en être partie :
je me sentirais presque trop seule.
Ce
que je peux vous dire bien plus librement, en revanche, c’est à quel point le
temps est passé vite ce mois durant. Je n’ai pas vu les jours défiler et
pourtant paf, en l’espace de quatre
misérables semaines les habitudes ont repris leur cours – j’ai retrouvé
les choses qui m’avaient manquée comme celles que je désirais pour le moins du
monde revoir. J’ai retrouvé les joies de la dissertation et des synthèses d’éco
(parce que pour tout vous dire je fais partie de ces vrais masochistes en
spécialité sciences politiques), me suis mise au yoga, découvert la littérature
russe que j’adore pour l’instant, commencé à remplir le dossier de la prépa Pipo,
presque arrêté les pains au chocolat à la cafète du lycée tous les matins et
puis, un lundi, bam, j’ai eu dix-sept
ans. Ça n’a l’air de rien dit comme ça – même qu’il pleuvait ce jour-là, je me
souviens, pourtant j’étais heureuse puisque c’était un jour comme je les aime, gris,
orageux et menaçant : j’étais heureuse simplement parce que tout le monde
la déteste profondément, cette pluie-là qui vous gâche la journée et vous
trempe jusqu’aux os de la façon la plus glaciale qui soit. Quel meilleur
spectacle sociologique, en effet, que celui, matinal et jubilatoire, offert par
ses trente-six congénères tirant la gueule en plein cours d’histoire sur les
mémoires de la Seconde Guerre Mondiale et proférant à ce propos un florilège de
réflexions non dénuées de stupidité dont je vous rapporte ce soir (juste pour
vous) la substantifique moelle par le biais d’extraits dûment sélectionnés ?
"Qu’est-ce
qu’on se fait chier, quand même"
"Grave
gros. Et putain, en plus j’ai trop faim"
"Moi
aussi ! ça sonne à quelle heure ?"
"25.
Mais hé, regarde, la prof elle a des auréoles"
"Baaaahh,
comment elle transpire, je savais bien qu’elle était dégueulasse..."
"Ah
nan mais ouais. Lycée de merde, profs de merde de toute façon"
"Tellemeeent.
En plus il pleut sa mère, je vais friser"
"Oh
mais ouais c’est trop ça pour moi aussi"
Constat du
jour bonjour : si en lui-même l’être humain est décidément affligeant de
prévisibilité ce n’est qu’en troupeau que suinte enfin à sa guise l’essence
de sa stupidité. Principe cumulatif, je suppose : un abruti + un abruti =
toujours plus d’abrutis – et même si moi je suis le compteur parmi tout ça j’ose
espérer que cette somme ne tende pas vers l’infini. L’espoir fait vivre, qu’ils
disent les autres.
Ce
qui me ramène à mon bilan of the month :
alors que je m’étais promise comme chaque année les mêmes conneries – à savoir,
arrêter de faire ma langue de pute envers mon prochain et réfréner un peu mes
élans misanthropes – il s’avère que c’est, une fois encore, un échec monumental
– je devrais au passage vraiment arrêter de tout lister. Libres à vous de me
dire, en lisant cela, que je l’ai cherché, je ne nierai pas car vous avez
raison ; au fond, c’est bel et bien moi le problème mais je le vis bien et
puis je fais semblant, je m’adapte à la
population : je n’ai pas toujours été une fervente adepte de la
théorie de Darwin pour rien. Ce n’est pas vous qui vous amusiez, petit, à
élaborer des schémas de l’évolution de vos camarades en imaginant à quoi ils
ressembleraient dix ans plus tard et en tentant de déterminer quels seraient
ceux qui crèveraient les plus jeunes car ils n’auraient pas su s’adapter à leur
environnement ; c’est moi. À ce sujet parfois je me demande comment je
peux être à la fois aussi horrible et aussi compatissante – les extrêmes s’attirent,
dit-on ; en l’occurrence, ils s’attirent tous deux réunis en ma
personnalité – pourtant peut-être qu’en vérité je ne vaux vraiment pas mieux qu’une
autre. Peut-être que je ne suis qu’un grain de sable dans l’univers – et au
final ce n’est pas un ‘peut-être’ c’est même un ‘tout à fait probable’, je le
sais – mais le genre de grain de sable qui à défaut d’avoir en sa
possession les moyens physiques de vous refaire le portrait au marteau-piqueur s’arrangerait
du moindre coup de vent pour venir vous piquer férocement et joyeusement l’œil.
Retenez ça comme retenez une autre chose : je suis de retour dans la
partie, et qui plus est plus en forme que jamais.
Je n'ai jamais laissé de petit mot ici depuis que je te suis, mais te lire est agréable, va savoir pourquoi. Même si je ne sais jamais quoi dire. Voici donc un commentaire inutile pour te dire combien j'apprécie tes réflexions.
RépondreSupprimerÇa me fait plaisir de te revoir.
RépondreSupprimerBel article, comme d'habitude.
Charmant article, et bon anniversaire en retard !
RépondreSupprimer@ Manon : à commentaire inutile réponse inutile pour te dire combien ça me fait plaisir :)
RépondreSupprimer@ PM : p*tain de plaisir partagé ! ça fait du bien de recommencer à écrire et surtout à poster de temps en temps.
@ Ushio : thanks youu so muuuch hihi
C'est un article assez sympa! J'ai hâte d'en lire d'autres.
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